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                      |   Nanuq 
                          2016Photo Peter 
                          Gallinelli
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                      |  |  |  |  |  Nanuq 2016 : de Qaanaaq à Maniitsoq - Groenland 
 Post scriptum 
                    (20 septembre 2016)  Europe ... nous redécouvrons 
                    une flore luxuriante et la douceur humide de l'atmosphère 
                    des régions tempérées; nos prélèvements 
                    ont trouvé le chemin de leurs laboratoires respectifs 
                    et nous sommes en train de dépouiller les données 
                    du 'passive igloo'.  Avec la distance la vie que nous avons menée durant 
                    une année nous semble de plus en plus relever du rêve 
                    le plus audacieux. Il s'agit sans doute d'une parenthèse 
                    passée dans un des endroits habités les plus 
                    sauvages de notre planête. Mais: là où 
                    vivent des hommes, la vie est possible. Et pour y avoir vécu 
                    nous pouvons affirmer qu'il en est ainsi.  Chacun a retrouvé sa place au sein du monde turbulent 
                    de la civilisation qui court, qui court... tandis que la certitude 
                    d'un autre monde continue à vibrer dans nos coeurs, 
                    là où le caribou court en liberté, le 
                    phoque se prélasse au soleil, l'homme fête le 
                    présent, ici et maintenant. Photo: Le Groenland, pays vert au sens propre (photo Peter 
                    Gallinelli) 
  La longue route 
                    (25 août 2016)  Longue fut la descente qui devait ramener Nanuq et son équipage 
                    vers le monde des hommes. Nous ne sommes pas peu fiers d'avoir 
                    rallié Nuuk contre vents et courants qui remontent 
                    la côte en sens opposé ... sans moteur, une avarie 
                    sur l'arbre d'hélice rendant notre propulsion mécanique 
                    inutilisable. C'est comme si le Nord nous tendait tentations 
                    et proférait menaces pour nous empêcher de repartir. 
                    Oui, des fois le chemin de l'aller est plus facile que le 
                    retour. Mais, souvent les choses ne sont pas intéressantes 
                    parce qu'elles sont faciles, mais précisément 
                    parce qu'elles ne le sont pas...  Route au Sud - un calme absolu: le temps 
                    semble figé (photo Peter Gallinelli)
  Notre admiration pour les navigateurs de jadis qui s'aventuraient 
                    dans ces eaux à la seule force du vent et des bras 
                    n'est que d'autant plus grande: nous prenons la pleine mesure 
                    de la difficulté de navigation dans une région 
                    où les cartes sont incertaines, les mouillages rares, 
                    le brouillard et la glace fréquents et les conditions 
                    de vents éloignés de l'idéal pour un 
                    voilier. Encore heureux que notre bateau soit confortable 
                    et bon marcheur, même par petit temps et surtout depuis 
                    que nous avons enlevé l'hélice devenu un fardeau 
                    inutile. Pour déhaler nos 20 tonnes en l'absence de 
                    vent il nous reste la maigre poussée de l'annexe.    Adieu avec notre famille d'adoption 
                    à Siorapaluk - Nanucs Cove, vide (gare aux hauts fonds 
                    au milieu!) (photos Peter Gallinelli)
  Cependant, la lenteur ne compromet ni notre progression 
                    ni notre optimisme, mais nous rapproche encore d'avantage 
                    des éléments. Les rencontres sont toujours aussi 
                    chaleureuses et les paysages somptueux, même si le brouillard 
                    est particulièrement tenace cette année ce qui 
                    s'explique par la température de l'eau exceptionnellement 
                    chaude, à plus de 10°C là où elle 
                    devrait approcher le zéro! La glace fond rapidement 
                    et nous ne rencontrons que peu d'icebergs en route.  La petite baie au pied du village aujourd'hui 
                    abandonnée de Moriusaq, 76°45'03N 69°50'55W 
                    (photo Peter Gallinelli)
 Siorapaluq, Moriussaq, Kuvdlorssuaq, Upernavik, Umanaq, Qeqertarssuaq, 
                    Ilulissat, Aasiaat, Sisimiut ... les noms connus défilent 
                    et déjà l'été arctique touche 
                    à sa fin. Les ombres s'allongent et les premiers coups 
                    de vent marquent le tournant. Avec le retour de la nuit nous 
                    sommes gratifiés de belles aurores et redécouvrons 
                    les étoiles.    Upernavik Isfjord : nous naviguons sur 
                    la terre ... certains glaciers on reculé d'une dizaine 
                    de km (photos Alice Robson)
  Nanuq est à présent préparé 
                    pour passer son 3ème hiver dans le nord et la glace. 
                    Cette fois-ci seul. Déjà la toundra se colore 
                    de rouge, d'orange et de jaunes vifs. L'heure de nous envoler 
                    pour retrouver les nôtres est arrivé. A l'année 
                    prochaine! 
 Groenland, pays 
                    des merveilles (10 septembre 2016) ... ou les impressions d'une navigatrice en herbe: 
                     
                      |  Baie de Umanak, Nanuq, été 
                          2016 (photo Alice Robson)
 Le Groenland. Sauvage. Une terre de glace et d’une 
                          beauté profonde. L’été arctique 
                          avec 24 heures de soleil. La tranquillité. La 
                          solitude. Il y a des mers, des montagnes, des lacs, 
                          des rivières, des icebergs, des glaciers. Il 
                          n'y a que nous dans ce grand paysage. Je vois des icebergs 
                          pour la première fois, j’apprends leurs 
                          bruits, leur art, leur dynamique. Le tonnerre des icebergs 
                          qui se brisent n'est jamais loin. Le tintement et le 
                          pétillement des bulles d'air dans la glace qui 
                          fond est partout. Quand les icebergs se cassent, ils 
                          roulent, tournent et dansent, en cherchant un nouvel 
                          équilibre, et créent des motifs nouveaux 
                          et merveilleux, des lignes, des formes, presque impossibles 
                          par leur exotisme et leur finesse. Ou bien, soudainement, 
                          ils se cassent, et laissent un fleuve de particules 
                          de glace à la surface. Alain, homme d'imagination 
                          et de vision, voit des animaux, des oiseaux, des dragons, 
                          des poissons, des baleines, des bateaux, des châteaux 
                          forts et plus autour de nous. Les icebergs vont des 
                          plus petits aux plus gigantesques, des plus grégaires 
                          aux plus solitaires. Sur le bateau, il est nécessaire 
                          d'éviter les glaçons qui sont plus grands 
                          qu'un potiron de bonne taille – suffisants pour 
                          couler un bateau à voile normal. La coque du 
                          Nanuq est construite en aluminium spécialement 
                          pour l'arctique. On entend le frottement caractéristique 
                          de la glace qui frappe le long des flancs du bateau 
                          quand on dort. Naviguer avec le soleil pendant un quart en pleine 
                          nuit est un nouveau plaisir. Plus au sud, et lorsqu’on 
                          s’approche de l’automne, la nuit n’est 
                          plus “quand le soleil est au nord” mais 
                          devient le temps où le soleil touche légèrement 
                          l’horizon dans un baiser courbé. Bientôt, 
                          le soleil se couchera, et il y aura l’aube et 
                          le crépuscule. Le soleil se déplace toujours 
                          horizontalement et non verticalement. Le changement 
                          est rapide; au moment où nous sommes partis du 
                          Groenland, il y a déjà 5 heures de crépuscule. Nous naviguons au sud, le long des fjords. De temps 
                          en temps, il y a un petit village ou un petit groupe 
                          de maisons, niché sur la rive avec ses maisons 
                          en bois de couleurs vives et de style Scandinave. Parmi 
                          elles, il y a le supermarché qui doit fournir 
                          toutes les provisions nécessaires pour les longs 
                          hivers. Autour des maisons, on peut voir les poissons 
                          qui sèchent et la viande de phoque. Les chiens 
                          de traineau dorment à l’extérieur 
                          des maisons avec leurs jeunes chiots qui courent librement. 
                          Il n’y a ni voiture ni route. Pour se déplacer, 
                          on utilise le bateau: la plupart sont de petits bateaux 
                          de pêcheur, ouverts au ciel, avec un moteur hors-bord 
                          énorme et puissant et assez d’espace pour 
                          les 5 ou 6 membres de la famille. Les locaux sont amicaux, 
                          accueillants et curieux. Ils nous invitent pour le “ 
                          Kaffemik", une fête de village (de 40 habitants) 
                          qui célèbre le premier jour de l’école 
                          pour le fils (de 6 ans) de notre hôte. On essaie 
                          le caribou, le flétan cru, le bœuf musqué, 
                          le lièvre arctique, le gras et la viande de baleine. 
                          Alain est invité à essayer une spécialité: 
                          mettre un morceau de graisse de Caribou cru dans son 
                          café - et avaler. Puis, c’est à 
                          eux de nous rendre visite sur le bateau, manger du chocolat 
                          et repartir chez eux avec des sachets de thé 
                          en guise de trophées. Au Groenland, il y a moins d’animaux sauvages 
                          que j’avais imaginé. Les oiseaux de mer 
                          sont moins nombreux que sur les côtes du Royaume-Uni. 
                          A terre, il y a de temps en temps un lièvre arctique, 
                          un ptarmigan, ou un renard arctique (on ne voit jamais 
                          de Caribou). On voit régulièrement des 
                          phoques qui sont toujours à la surface de l’eau. 
                          Parfois, on voit des baleines. Ces moments rares et 
                          précieux, nous apprennent l’humilité. 
                          Les énormes et rapides Rorquals qui sont proches 
                          du bateau; les baleines à bosse qui mangent et 
                          plongent ensemble près de la glace. De l'autre 
                          côté de la baie, les grandes jets de vapeur 
                          des baleines qui voyagent. On ne peut pas les manquer. 
                          Finalement, on comprend mieux les mots “Tha’ 
                          she blows!”. Le Groenland est une terre de questions et de contrastes. 
                          Il est en même temps ancien et nouveau, vide et 
                          plein, désolé et abondant, nu et couvert, 
                          rude et délicieux. Les couleurs sont subtiles 
                          et discrètes et aussi profondément vibrantes. 
                          Une petite herbe verte sur les rochers sombres semble 
                          plus verte que le jardin à la maison. Il y a 
                          des poches brillantes de fleurs arctiques sur la toundra 
                          rase. Les baies qu’on peut récolter. Sur 
                          les pierres, des mousses et des lichens craquent sous 
                          le pied. Le temps paraît avoir une mesure différente. 
                          Quel âge a la glace des icebergs? Depuis combien 
                          de temps, la glace a-t-elle sculpté cette terre 
                          nouvellement émergée ? On navigue à 
                          voile à travers ce qui était autrefois 
                          un glacier et qui est maintenant un fjord, complet avec 
                          ses iles. La glace se retire si vite que les cartes 
                          ne suivent pas. Nouveau, ancien, lent, rapide, le début 
                          et la fin. Ici, il est facile d’imaginer les origines 
                          de nos ancêtres et de nos mondes modernes. Ici, 
                          il n’y a pas d’illusion d’échelle 
                          ni d’importance. Dans cette nature, on est minuscule 
                          et dans un état d'émerveillement. Plus 
                          de photos par Alice ... (lien externe) A.R.
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 Qaanaaq - le retour 
                    (11 juillet 2016) Nous voici, mouillés une fois de plus devant la Qaanaaq 
                    (Nouvelle Thulé) frémissante. Nous sommes prêts 
                    pour la saison de voile à venir et attendons notre 
                    premier équipage. Espérons un accès Internet 
                    pour publier les news. A partir de maintenant, cap au Sud 
                    - une drôle d'impression.  Glace en débâcle au moment 
                    du départ de Nanuq's Cove il y a 10 jours. Une ancre 
                    à glace et les winchs pour nous frayer un passage... 
                    (photo Peter Gallinelli)
 Bye, takussagut! 
 Mouillages Groenland 
                    Côte Ouest (25 juin 2016) Avis aux amateurs de navigations boréales : vous trouverez 
                    une nouvelle page qui regroupe des informations concernant 
                    quelques mouillages que nous avons pratiqués - et aimés. 
                    Suivez ce lien...  Mooring West of the abandoned village 
                    of Qeqertarsuaq; view to te West (photo Kalle Schmidt)
 Bon vent! 
 Carte postale 06 (10 juin 2016) 
                     
                      |  
                           cliquez pour zoomer | Juin 2016 : débâcle à 
                          'Nanuq's Cove'Toutes les cartes postales ... ici
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 Passive 
                    Igloo - bilan (20 juin 2016) Nous sommes au mois de juin. Les changements sont quotidiens. 
                    Les températures, proches de 0°C nous paraissent 
                    désormais estivales. Selon les habitués, l'été 
                    a trois semaines d'avance. Peu à peu notre vaisseau 
                    se transforme de 'illu' - l'iglou, la maison - en 'umiaq', 
                    le bateau et voilier hauturier pour nous ramener chez nous.    Nanuq, échoué sur une 
                    plage pour inspection des oeuvres vives - avec nos amis à 
                    Qeqertat (photos Peter Gallinelli)
 
                     
                      |  
                          L'hiver est derrière nous. Nous dressons un 
                            premier bilan du 'passive igloo project', laboratoire 
                            d'habitat autonome et écologique. Et à 
                            ce titre, l'initiative est déjà un succès: 
                            elle montre qu'il est possible de créer de 
                            l'habitat quasi autarcique sur le plan de l'approvisionnement 
                            en énergie tout en restant simple et abordable 
                            et ceci même pour les climats les plus froids. S'il reste des détails à améliorer, 
                            il y en a toujours (!), nous avons surtout été 
                            surpris par l'absence quasi totale de vent, notre 
                            principale source d'énergie durant la nuit 
                            arctique. Cet imprévu a montré que quand 
                            un système se suffit de très peu pour 
                            fonctionner il est intrinsèquement résilient; 
                            ainsi nous avons pu continuer en passant au plan B 
                            à peu de frais. Plus que des stratégies, nous avons pu expérimenter 
                            dans le détail le fonctionnement en conditions 
                            réelles de chaque sous-système. Et à 
                            tour de rôle chaque système a été 
                            poussé dans ses derniers retranchements. L'expédition a été un laboratoire 
                            en milieu hostile ne permettant aucun faux pas. Par 
                            moments l'engagement était total et exigeait 
                            une grande fiabilité des systèmes. Les 
                            seuls à être parfaitement fiables ont 
                            été les systèmes passifs, à 
                            commencer par l'isolation. Si l'approvisionnement 
                            en énergie est important, des mesures d'efficacité 
                            le sont encore plus. Enfin, cette expédition a été 
                            menée avec un budget serré. Cette contrainte 
                            était garante contre toute forme de délire 
                            technologique. Les systèmes sont payables, 
                            amortissables et rentables. Il est gratifiant quand la pratique confirme la théorie. 
                            Et il est instructif quand les deux divergent. Ainsi, 
                            il est essentiel de confronter les idées à 
                            la réalité. La science prend naissance 
                            lorsque les idées rejoignent l’expérience. 
                            Quand les deux sont réunis, ils procurent la 
                            connaissance du réel. |  | Comparaison de consommation de différents 
                          habitats au Groenland du nord pour un hiver : 1 fût 
                          = 200 litres de fioul, en rouge pour le chauffage (hors 
                          eau chaude), en jaune pour l'électricité.  :
 a) maison 'traditionnelle' d'importation danoise (ossature 
                          bois contre-plaqué)b) maison d'essai performante (madrier type chalet)
 c) cabanon ancien (bois contre-plaqué léger)
 d) passive igloo (plan B)
 Les familles sont nombreuses et les maisons petites: 
                          30m² est la surface habitable pour 2-3 occupants. e) ci-dessous la consommation d'une maison construite 
                          selon les standards en vigueur en Suisse (SIA), y compris 
                          la surface habitable habituellement allouée, 
                          posée à Thulé : effrayant. 
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 Design With Climate 
                    (10 juin 2016) 
                     
                      |  | Design With Climate est un outil d'aide 
                          à la conception qualitatif. Il évalue 
                          en quelques clics 12 stratégies d'hiver et 7 
                          stratégies d'été en fonction des 
                          données climatiques horaires d'une station donnée. La méthode est basée sur des travaux 
                          théoriques de B.Givoni et M.Milne. L'adaptation 
                          aux climats froids et arctiques et le développement 
                          informatique on été faits durant la longue 
                          nuit polaire dans le contexte du 'passive igloo project'. Il est gratuit et peut être téléchargé 
                          ici... |  
 Rêve 
                    et réalité (30 mai 2016)  Voici un photomontage fait à la va-vite en 2012 ... 
                    Le passive igloo project - 
                    esquisse de projet 2012 (Peter Gallinelli)
 ... et une photo en situation réelle, à la 
                    sortie de l'hiver, en 2016: étonnant!  Le véritable passive igloo 
                    - fin de l'hiver, Nanuq Groenland 2016 (photo Peter Gallinelli)
 Q (Frédéric) : Faut-il être fou pour 
                    monter un projet comme celui-là? Quand on a un rêve, il faut être fou pour 
                    ne pas essayer de le réaliser, même si celui-ci 
                    apparait hors de portée. Q: Comment est née l'idée de ce projet? Par l'envie de faire converger mes intérêts 
                    professionnels - je suis chercheur en thermique du bâtiment 
                    et enseigne la durabilité dans l'architecture - et 
                    ma passion pour la mer et les régions arctiques. Il 
                    y a longtemps j'ai fait un rêve où je passais 
                    un hiver à bord d'un voilier jaune, pris dans les glaces 
                    du passage du nord-ouest, en vivant de riz et de pain complet... Q: Dans un tel projet y a-t-il des obstacles? Comment faire 
                    pour les surmonter? De monter un projet d'une telle envergure n'était 
                    pas une mince affaire. Il y a eu des obstacles financiers 
                    et de temps et il a fallu de la volonté, de la persévérence 
                    et de la patience. J'ai fait beaucoup de mes mains et j'ai 
                    été soutenu par ma famille et des amis qui ont 
                    beaucoup contribué au succès du projet. Le soutien 
                    de nos partenaires était également précieux. 
                    C'est très important, car construire un bateau et monter 
                    un tel projet prend des années. D'être entouré 
                    est important quand la tâche est difficile. Mais ce 
                    sont aussi des opportunités de partage exceptionnelles. 
                    Enfin, c'est comme quand on gravit une montagne: souvent il 
                    faut penser seulement au prochain pas, et le faire bien. Q: S'il y avait un message à faire passer, ce serait 
                    quoi? J'aime beaucoup cette citation de Philippe Châtel 
                    qui dit 'Faites que le rêve dévore votre vie 
                    afin que la vie ne dévore pas votre rêve.' Il 
                    est important d'être à l'écoute de ses 
                    rêves. Ce sont les rêves qui font avancer le monde. 
                    D'autres appellent ça l'espoir... Ce n'est pas forcément 
                    le chemin facile. Mais sommes-nous là pour ne faire 
                    que ce qui est facile? Interview avec Frédéric et Peter à l'occasion 
                    d'un séjour scientifique au mois de mai. 
 Trucs intéressants 
                    (10 mai 2016) 
                     
                      |  | Qu'est-ce que l'arctique, météo, 
                        navigation dans la glace, biblioraphie et bien plus: mise 
                        à jour, suivez ce lien... |  
 Carte postale 05 (07 mai, 2016) 
                     
                      |  cliquez pour zoomer | Mai 2016 : soleil de minuit à 
                          'Nanuq's Cove'Toutes les cartes postales ... ici
 |  
 Neige, enfin 
                    (5 mai 2016)  
  Tourmente de neige printanière 
                    à Nanuq's Cove (photo Peter Gallinelli)
 Le soleil ne se couche plus. Le jour est continu. Nous avons 
                    l'impression de vivre sur une autre planète. L'arctique 
                    est si différente, si particulière. Les conditions 
                    climatiques sont en mutation permanente. Chaque jour apporte 
                    son lot de nouvelles. Le vent du sud chaud et humide nous 
                    gratifie des premières températures positives 
                    depuis le mois de septembre ... et des tonnes de neige fraîche, 
                    plus qu'il n'en est tombé depuis le début de 
                    l'hiver. L'épaisse couche de neige pose lourdement 
                    sur la banquise et fait remonter l'eau au-dessus de la glace. 
                    La marche au village est épuisante et prend deux fois 
                    plus de temps que d'habitude. Même nos chiens peinent 
                    en s'enfonçant jusqu'au ventre.    Nanuq sous la neige fraîche de 
                    printemps (photos Peter Gallinelli)
 En face de Qaanaaq la débâcle a commencée. 
                    Siorapaluk est déjà libre de glace. La glace 
                    à 'Land's End'[1] a disparue ... 2016 s'annonce déjà 
                    comme une année de chaleur record. Nous avons commencé à préparer notre 
                    navire pour les changements à venir et libéré 
                    le pont de l'épaisse couche de neige qui nous a servi 
                    de couverture protectrice supplémentaire durant les 
                    rigueurs de l'hiver. Bien que la température oscille 
                    entre -5°C et -15°C, le soleil chauffe les surfaces 
                    exposées, spécialement l'aluminium qui est un 
                    bon absorbeur. Nous nous sommes débarrassés 
                    de nos habits d'hiver, devenus trop chauds. A midi nous pouvons 
                    travailler en plein air habillé de collants et d'un 
                    T-shirt.  1h du matin : déblayage du pont 
                    de Nanuq après un hiver long et froid (photo Peter 
                    Gallinelli)
  1h du matin : déblayage du pont 
                    de Nanuq : en pleine action (photo Peter Gallinelli)
 Déjà nous apercevons les premiers oiseaux migrateurs 
                    et entendons leurs cris exotiques. Les rochers exposés 
                    au soleil s'échauffent, faisant fondre la neige qui 
                    les recouvre. La végétation encore recouverte 
                    de neige a entendu le signal et commence à pousser 
                    en vue de profiter au maximum de l'été arctique 
                    qui sera court, mais intense. C'est aussi la saison touristique. Chaque semaine des visiteurs 
                    d'un pays différent viennent à notre rencontre, 
                    a ski ou en traineau. Au total trois groupes de cinq... nous 
                    apprécions les visites qui nous permettent de partager 
                    notre aventure autour d'une tasse de thé chaud. La 
                    question récurrente est "... et vous ne vous ennuyez 
                    jamais?". Il a fallu du temps pour achever les préparatifs et 
                    finir d'installer le bateau pour l'hiver. Ce qui nous a occupé 
                    pendant la période d'embâcle. Mais depuis que 
                    notre camp est bien installé et tout 'roule', y compris 
                    les travaux scientifiques, nous profitons du temps pour laisser 
                    libre cours à nos idées, intérêts, 
                    rêves ou la convivialité ... ce n'est pas pour 
                    rien que les groenlandais appellent l'hiver un 'temps de société'. 
                    Nos journées sont riches de développements, 
                    idées, réflexions, projets, lectures, écriture, 
                    création... en offrant le temps nécessaire à 
                    l'acomplissement de chaque chose. C'est aussi un temps de 
                    découverte et d'écoute de notre environnement, 
                    des autres et de nous-mêmes et l'apprentissage de prendre 
                    les choses comme elles viennent. L'ennui ne fait pas parti 
                    de ce monde. Nos visiteurs repartent avec l'envie de revenir. Pendant ce temps, nous avons commencé notre culture 
                    de graines germés. Nous redécouvrons le goût 
                    exquis de la verdure fraîche. Bien sûr ce n'est 
                    que symbolique. Mais pour nous ça signifie beaucoup. Twilight calcule désormais soleil, lune, crépuscules 
                    et énergie. Une façon de célébrer 
                    le jour et le soleil si indispensable à la vie et la 
                    lune qui par ses cycles anime le monde. Pour nous, vivant 
                    en pleine nature, les cycles naturels ont pris une importance 
                    centrale.  Soleil et lune pour le mois de mai 2016 
                    (capture 'Twilight')
  Visibilité de la lune à 
                    Nanuq's Cove pour le mois de mai 2016 (capture 'Twilight')
 Une page lui est dédiée: suivez ce lien... 
                   A quand la débâcle? Ce sera notre dernier défi 
                    majeur. A suivre. Bai- takussagut.Peter & crew
 [1] nom inofficiel que nous donnons à la pointe ouest 
                    de notre île, parcourue de courants de marée 
                    vigoureux. 
 Carte postale 04 (28 avril 
                    2016) 
                     
                      |  
                           cliquez pour zoomer | Avril 2016 : tourmente de neige de printemps 
                          sur 'Nanuq's Cove' - 77°29.5'N 66°33.5'W  Toutes les cartes postales ... ici |  
 L'eau (20 
                    avril 2016)  
  Printemps arctique (photo Peter Gallinelli)
 Liquide  Si l'arctique est dominée par l'eau, elle se trouve 
                    soit en phase solide ou est salée, impropre à 
                    la consommation. Les cours d'eau douce sont rares: les précipitations 
                    étant proches de zéro ou gelées. L''eau 
                    liquide s'obtient par l'effort consenti à faire fondre 
                    la glace ou en partant collecter de l'eau liquide sous l'épaisse 
                    couche de glace d'un lac. Faut-il encore percer la glace dont 
                    l'épaisseur atteint maintenant près de deux 
                    mètres. Un travail physique malgré l'efficacité 
                    de la tarière. Ainsi approvisionner les 70 litres d'eau douce dont nous 
                    avons besoin pour la semaine à deux prend deux bonnes 
                    heures entre la marche, la préparation du trou et le 
                    remplissage, qu'il fasse -10°C ou -40°C. Le confort 
                    du robinet d'eau potable est bien lointain. Mais on a souvent 
                    du mal à accorder de la valeur aux choses qui ne demandent 
                    pas d'effort pour les obtenir.    Forage de 2 mètres de glace vive 
                    pour chercher de l'eau douce au lac (photos Barbara Gallinelli)
 Les groenlandais préfèrent faire fondre la 
                    glace prélevée sur un iceberg, la plus pure, 
                    plurimilénaire. Elle est mise à fondre dans 
                    un fût posé dans la maison chauffée. Et 
                    d'eau on en consomme des quantités impressionnantes: 
                    la perte par respiration de l'air froid, donc extrêmement 
                    sec, est importante. En revanche l'eau de lavage provient 
                    des lacs. Dans les habitations du nord on ne trouve ni eau 
                    courante, ni canalisations. Ces systèmes beaucoup trop 
                    fragiles sont réservées à la ville. Le 
                    froid n'autorise aucune panne des résistances électriques 
                    qui les maintiennent hors gel... Solide  Neige couverte de pierres précieuses, 
                    photo volontairement sous-exposée pour faire ressortir 
                    les couleurs (photo Peter Gallinelli)
 La neige est tapissée de cristaux de glace si purs 
                    que la lumière du soleil s'y reflète dans mille 
                    couleurs. Nous avons l'impression de marcher sur un tapis 
                    brodé de pierres précieuses. A y regarder de 
                    près ce n'est pas qu'une impression. Quel est ce phénomène? Gazeuse  Thé chaud et temps à bord 
                    de Nanuq (photo Peter Gallinelli)
 A l'image de la vapeur au-dessus d'une tasse de thé 
                    chaud observée en contre-jour, le temps ici passe à 
                    une vitesse différente, dictée non par des agendas, 
                    plannings et emplois du temps débordants, mais par 
                    les éléments, les rythmes naturels, le soleil, 
                    la lune, les saisons, le ciel, la vie, nous. Dans deux jours 
                    le soleil ne se couchera plus ... avant le 21 août. 
                    Tout change dans la douceur des transitions progressives qui 
                    sont le propre de cette région. 
 En route pour l'été 
                    (5 avril 2016)  
 
 Ci-dessus, Camp Nanuq. Notre 'mouillage' inondé de 
                    soleil. Si officiellement l'hiver est terminé, un redoux printanier 
                    n'est pas encore à l'ordre du jour. Cependant, comme 
                    il est légion en arctique, le basculement de l'hiver 
                    en été sera rapide et il est temps de penser 
                    à l'agenda du retour. Au contraire d'une descente à 
                    sens inverse d'une ascension, nous planifions une saison de 
                    rencontres et de découvertes. Ainsi notre agenda se 
                    précise, avec les incontournables inconnues dues à 
                    la glace et au temps, si prépondérantes en arctique. 
                    Imaqa, comme disent les Groenlandais, peut-être... Imaqa est probablement le terme le plus utilisé 
                    au Groenland. Imaqa, surtout quand on entreprend 
                    un voyage. 'Quand partons-nous?' La réponse est le 
                    plus souvent imaqa: demain, un autre jour... Le temps, 
                    la glace, la nature omniprésente rendent cet imaqa 
                    nécessaire. Que ce soit en traîneau à 
                    chiens, bateau ou avion, c'est la nature qui aura toujours 
                    le dernier mot. Car ici, dans le Grand Nord, les limites imposées 
                    à l'homme sont tangibles; personne ne serait assez 
                    fou pour les contester. Cependant, bien loin d'une contrainte, 
                    nous les ressentons comme une aubaine, une chance de pouvoir 
                    apréhender notre vraie place dans ce monde, de réaliser 
                    qu'il n'y a pas de distinction entre l'homme et son environnement, 
                    mais que nous en faisons intimement partie.    Critaux de glace sous toutes leurs formes, 
                    formations géologiques étonnantes (photos Barbara 
                    Gallinelli)
 La vie en pleine nature nous offre un spectacle perpétuellement 
                    renouvelé, chaque jour est différent, chaque 
                    instant est unique. Tout se transforme y-compris nous-mêmes; 
                    c'est le propre de la vie. Elle est partout et ce lien est 
                    palpable à chaque respiration. Ainsi nous ne composons pas, contre, malgré ou autour, 
                    mais avec la nature, le mieux possible ... ce qu'un voilier 
                    fait par excellence en nous mettant à l'affût 
                    de la moindre brise, l'annonce d'un changement de temps, d'une 
                    marée... Par ses limites physiques intransigeantes, 
                    le voilier devient une belle école de sobriété 
                    et de résilience où des maîtres mots sont 
                    autonomie, gestion des ressources, cohabitation, adaptation, 
                    responsabilité... des facultés rarement pratiqués 
                    de façon aussi complète. Pour nous ce n'est 
                    que le début d'un apprentissage, aussi d'une conquête, 
                    mais c'est déjà énorme.  En attendant, de sa fonction de illu - iglou, la 
                    maison - nous nous réjouissons que Nanuq redevienne 
                    aussi un bateau. Nos pensées s'égarent de plus 
                    en plus souvent à imaginer le retour, incontournable, 
                    pour la rentrée académique où je reprendrai 
                    mes charges d'enseignement et de recherche. Si imaqa 
                    a toute sa place, malgré les inconnues, nous avons 
                    jusqu'à présent toujours réussi à 
                    honorer notre agenda. Par une planification méticuleuse, 
                    en tirant le meilleur parti des conditions qui nous étaient 
                    offertes et en laissant gande ouverte la porte à l'imprévisible. Voici un aperçu de l'agenda été 
                    2016. A suivre. 
 Printemps (30 
                    mars 2016) Nous fêtons Pâques. C'est l'équinoxe de 
                    printemps. Sur le Pôle le soleil s'est levé et 
                    la lumière nous parvient de l'autre coté du 
                    monde, transporté par la vive réverbération 
                    du couvert de glace et de neige. Nous redécouvrons 
                    notre environnement sous une lumière 
                    nouvelle. Si durant l'hiver nos pupilles s'étaient 
                    dilatées au maximum, elles doivent réapprendre 
                    à se rétrécir, même durant le sommeil. 
                    Car bientôt le soleil ne se couchera plus et la nuit 
                    n'est déjà plus que symbolique. A minuit un 
                    crépuscule vif éclaire le ciel. Le basculement 
                    est impressionnant. La lumière et la clarté 
                    de l'air donnent l'impression que tout est à portée 
                    de main. Et nous multiplions les excursions. Si le thermomètre enregistre des températures 
                    encore largement négatives, nous ne ressentons plus 
                    le froid: notre appréciation intègre la lumière, 
                    le soleil, l'acclimatation, et la perspective que les grands 
                    froids relèvent du passé. Si le  refroidissement 
                    éolien, une approche subjective du ressentiment 
                    de froid sur la peau nue du froid associé au vent, 
                    nous avons introduisons le concept de  réchauffement 
                    solaire, qui pondère le bénéfice 
                    d'un temps ensoleillé et calme, phénomène 
                    que toute personne assise sur une terrasse ensoleillée 
                    en altitude confirmera.    Arrivée à Nanuq's Cove 
                    en traîneau. Sous la pression la glace se redresse à 
                    Nanuq's Cove (photos Barbara Gallinelli)
 Malgré les -20 à -30°C, c'est une fin d'hiver 
                    exceptionnellement douce. L'autre jour, sur le chemin de retour 
                    en traîneau deux de nos chiens ont traversé la 
                    glace! C'est un passage fragile dans une zone de forts courants 
                    de marée, Cette fragilité est exceptionnelle; 
                    notre ami groenlandais qui conduisait la meute était 
                    autant surpris que nous. Si une seule saison est insuffisante 
                    pour conclure au réchauffement climatique, les habitants 
                    sont amusés et en même temps affligés 
                    quand un savant tente de les éclairer sur la question. 
                    Les peuples premiers possèdent encore ce lien intime 
                    avec leur environnement qui leur permet d'entendre ce que 
                    les sens atrophiés du citadin sont incapables de ressentir. 
                    Avec deux générations d'avance, ce sont les 
                    premiers à avoir vu les signes d'une transformation 
                    qui bouleverse les fragiles équilibres de l'arctique.  Nanuq, safrans relevés, à 
                    l'abri de la glace tourmentée (extrait vidéo 
                    Jakob Gallinelli)
 A présent les fenêtres exposées au soleil 
                    sont chaudes et contribuent au chauffage de la cabine. Nous 
                    observons les premières gouttes d'eau de fonte qui 
                    coulent le long des bordés ensoleillés de notre 
                    bateau; l'aluminium brut est un excellent absorbeur solaire. Toutefois, les rigueurs des éléments et les 
                    potentielles complications sont loin d'être derrière 
                    nous. Sous la forte compression de la glace notre bateau est 
                    à présent plutôt posé sur la banquise 
                    que prise dans la glace et seulement la quille reste encore 
                    en contact avec l'eau. Une gite de 7° nous oblige à 
                    ressortir nos tapis antidérapants pour empêcher 
                    assiettes et verres de glisser de la table du carré. 
                    Nous entretenons une tranchée sur un coté de 
                    la coque pour diminuer la pression sur le système de 
                    propulsion. Décidément, le sissa 
                    nous réserve encore des surprises! Pendant ce temps, le programme scientifique suit son cours. 
                    Les installations quantifient le fonctionnement du passive 
                    igloo, mesurent divers paramètres climatiques, 
                    la banquise et les concentrations en HCB... pendant que nous 
                    testons des équipements de respiration pour des sportifs 
                    par grand froid. Il est gratifiant quand la pratique confirme 
                    la théorie. Et il est instructif quand les deux divergent. 
                    Ainsi, il est essentiel de confronter les idées à 
                    la réalité. La science prend naissance lorsque 
                    les idées rejoignent l’expérience. Quand 
                    les deux sont réunis, ils procurent la connaissance 
                    du réel. Et à ce titre le passive igloo est un fantastique 
                    laboratoire: l'exploration de nouveaux paradigmes devient 
                    possible "en organisant des plages de temps libre, pour 
                    penser et créer différemment, et en fournissant 
                    des ressources et espaces pour expérimenter d'autres 
                    techniques de vie permettant de créer des laboratoires 
                    moins pollués par les interférences et les interactions 
                    dynamiques" avec le système établi. "Un 
                    autre paradigme est beaucoup plus réalisable si on 
                    en fait l'expérience pratique." [Isabelle Fremeaux 
                    et John Jordan, 'Les sentiers de l'utopie'] A suivre... 
  plus anciennes :
 
                    Hiver : 77°30' 
                      66°34W : équipage 2 : 3 mois 
                      
                        Le retour du soleil (3 mars 2016)Crépuscule (3 mars 2016)Nouvelles de la banquise (22 février 
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                          2016)Shisha (12 février 2016)Une formidable nouvelle (1er février 
                          2016)Voyage à Qaanaaq (26 janvier 
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