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De Kirkwall
à Skye
mercredi 6 août au mardi 12 août
A peine préparé, notre nouveau équipage arrive
sur le quai. Pour la prochaine étape nous serons sept: Rob qu'Imram
connaît bien, Hisham et Jean qui découvrent le bateau pour la
première fois.
Les nouveaux "coupables"...
Mais pas trace d'Alessandro... il nous annonce par SMS avoir raté
l'avion à Genève et n'arrivera que le lendemain.
...et le "coupable gaucher".
Nous saisissons l'opportunité pour une petite sortie "prise en
main du bateau pour les nouveaux équipiers" avec manoeuvres d'homme
à la mer, puis nous amarrons au quai du ferry de l'île de Shapinsay,
proche d'un impressionnant château dans lequel nous imaginons les
probables magnifiques salles de bain..... :-)
Le lendemain matin, retour sur Kirkwall où nous récupérons notre
dernier équipier, Alessandro, qui décidément joue de malchance:
ses bagages ne sont pas arrivés avec son avion et se trouvent quelque
part entre Genève et Kirkwall. Ils n'arriveront que demain. Il est
décidé d'appareiller tout de même et d'organiser un transfert des
bagages sur la côte Nord de l'Ecosse le lendemain après l'étape
clef qui nous attend: le redoutable Pentland
Firth, bras de mer entre l'extrême nord de l'Ecosse et les îles
Orcades.
Le Pentland Firth
C'est un lieu mal famé pour les navigateurs: les
courants y sont violents, la mer peut y être terrible et déferler
même par temps calme, des tourbillons redoutables s'y forment
et il s'agit de planifier sa route de manière minutieuse en tenant
compte de la courte fenêtre où ce passage est possible dans le
sens Est-Ouest.
Ayant calculé l'heure de passage du Pentland Firth pour le début
de soirée nous longeons tranquillement la côte E de Mainland,
l'ile principale des Orcades, dans une petite brise qui nous permet
d'admirer une côte valllonée, des petites collines, des petites
falaises. Le paysage est beaucoup plus doux qu'aux îles Shetlands
et c'est une navigation facile qui nous mène aux portes du Pentland
Firth que nous abordons en début de nuit.
Navigation à vue: relèvements
au compas (attention à la proximité des compas de
route!)
Les phares sont identifiés, un vent de secteur
NE favorable nous laisse augurer une traversée sans histoires....
C'était sans compter un petit retard dans le planning qui nous
barre le passage à l'Est de l'île de Stroma que nous ne pourrons
dépasser en raison d'un courant contraire de 9 noeuds malgré toutes
les voiles dehors et toute la puissance du puissant moteur d'imram.
Nous rebroussons chemin au SE et nous nous mettons à l'abri pour
le reste de la nuit en mouillant dans une petite crique houleuse
au Sud de la pointe de Dunkensby Head.
Au matin, avec le soleil, nous larguons les amarres
pour une nouvelle tentative, le vent est NNE avec 4-5 Bft, le
courant nous porte dans la bonne direction avant de tourner, plus
tard, contre nous, mais bien plus faible que la veille: cette
fois-ci Imram étale sans problème sous grand voile au ris 2 et
foc. La mer est peu agitée mais nous scrutons la surface à la
recherche des zones de remous à éviter. L'île de Stroma que nous
n'avions pu passer la veille est bientôt derrière nous.
Le passage du raz des Merry Men of May s'effectue
sans encombres et c'est sous un soleil toujours radieux et des
conditions idéales que nous dépassons le phare et les hautes falaises
de Dunnet Head pour longer la côte jusqu'au port de Scrabster
où nous récupérons les bagages d'Alessandro qui joue encore de
malchance: son sac de couchage a disparu... il en achètera un
magnifique dans un magasin de pêche... L'accueil du garde
port est chaleureux malgré notre silence à la VHF, il nous fait
comprendre que ce n'était pas règlementaire. Sans rancune, il
nous fait cadeau du tube de silicone que nous cherchions à acheter
pour installer le nouveau sondeur.
Après une escale bien méritée au pub du port de
Scrabster nous embarquons et naviguons le long de la côte Nord
de l'Ecosse: les falaises et les collines défilent, les criques
se laissent deviner, le soleil brille, la mer étincelle, le vent
est avec nous, la mer moutonne, Imram file... c'est le bonheur...
Le coucher de soleil à l'entrée du Loch Eriboll
est splendide, des grottes marines apparaissent, mystérieuses.
L'arrivée dans ce Loch très profond et étroit, presque désert
est exceptionelle: au fond, de vraies montagnes de 800m, rocailleuses
contrastant avec la douceur des collines couvertes de bruyères
du premier plan. Nous nous amarrons à un coffre dans une jolie
petite anse regorgeant de coquilles de St Jacques.
Imram au mouillage dans Loch Eriboll
Le lendemain, nous sommes encore témoins de la générosité des écossais: Hisham
et Jean, traversent le Loch en dinghy
Loch Eriboll, à la recherche de l'épicerie
inexistante...
à la recherche d'un magasin .... Dans le hameau
visible de l'autre côté... rien... !! ou plutôt oui... des habitants
du lieu leur donnent un pain, comme cela... tout simplement... cela
aurait il existé chez nous? ...pas sûr du tout!
Loch Eriboll
Balade dans les collines, bruyères,troupeaux de chevreuils aux
jumelles...
des montagnes, et derrière la lande et encore des montagnes, des
lacs. Peter se met à rêver d'une grande traversée à pied.. Ce sera
pour une autre fois!!
De retour sur Imram, Christine et Jean, les 2 courageuses femmes
de l'équipage, s'offrent une petite baignade dans le Loch.. eau
à 13 degrés... Brrrr!!! Un pari à gagner pour naviguer vers Lewis,
hébrides extérieures, et ses pierres levées. L'auraient-elles
fait si elles avaient vu les énormes méduses qui nageaient aux alentours
auparavant? Certainement pas!
En fin d'après midi nous appareillons, direction les Hebrides
extérieures et peut être la petite île mythique de Saint Kilda,
bien au large, à 40 milles des côtes, à l'Ouest. La carte météo
reçue entre temps nous fait changer d'avis: trop de vent à l'Ouest
des Hebrides extérieures pour pouvoir espérer y faire escale...
dommage, ce sera pour une autre fois.
Cheese :-))
La nuit de navigation se passe au rythme des quarts, le phare de
Cape Wrath est derrière nous, nous sommes maintenant sur la côte
ouest de l'Ecosse dans le "Little Minch". Nous arrivons en fin de
nuit à Loch Bervie, port de pêche aujourd'hui quasi abandonné, les
pêcheurs industriels ayant si efficacement ratissés les fonds de
mer qu'il ne reste plus de poisson aujourd'hui...
Quelques heures de sommeil plus tard, une grosse pluie et un coup
de vent passent rapidement avant de laisser place à une accalmie
qui nous décide d'aller découvrir le loch voisin, semblant plus
intéressant.
Loch Laxford
Nous ne serons pas déçus: quelques milles de navigation dans la
brume et au radar entre les cailloux nous font pénétrer dans le
profond Loch Laxford où nous mouillons l'ancre. Le site, bien protégé,
est splendide.
Une partie de l'équipage s'offre une petite balade vespérale dans
les collines surplombantes: ils découvrent à perte de vue des collines
rocailleuses, des lacs, au loin des montagnes...
Loch Laxford - le camp de base de John
Intrigué et intéressé par le look d'Imram, un des habitants du
loch nous rend visite. C'est une fois de plus pour Peter l'occasion
de répondre aux questions si régulièrement posées par les connaisseurs
dans le sillage d'Imram: "Is it
a racing boat or a cruising boat? tell me about your boat..."
Cette fois ci c'est un connaisseur qui nous rend visite... John
a commencé sa carrière d'aventurier en traversant
l'Atlantique Nord en chaloupe à rame. Sa soif d'aventure
a fait de lui un marin, écrivain, ayant fondé son école
d'aventure qui est installé dans ce loch et qu'il partage avec
sa famille selon ses 3 principes fondateurs ‘Self-reliance’,
‘Positive Thinking’ and ‘Leave People and Places
better than you find them’. Son voilier de 60 pieds qui a
trois tours du monde au compteur est sagement tiré à terre
à côté de sa maison au bord de l'eau grâce à un astucieux système
de halage sur un plan incliné que Peter ne manquera pas d'aller
inspecter, on ne sait jamais... avec des envies de s'installer un
jour dans la région, peut-être?
Nouvelle balade sur les collines, avec vue sur la mer cette fois,
en traversant un des rares petits bouts de forêt originel de la
région. Préservé des moutons, la forêt a survécu ici et nous
laisse imaginer à quoi ressemblait peut être le reste des collines
environnantes maintenant pelées.
Loch Laxford. Un mouillage parfait et une
flore luxuriante (à l'abri des chevreuils et moutons)
Après cette petite pause à terre bien agréable, nous mettons cap
au sud. Nous longeons la côte Ouest en tirant des bords de près
pour une grande étape de 144 miles. De belles falaises, un fond
continu de montagnes dont un beau "pain de sucre" continu seront
nos compagnons de l'après midi.
Monroes...
Le vent, 3-4 Bft fait place à des conditions plus musclées en cours
de nuit à l'occasion de quelques grains et des averses.
Manoeuvre...
Les quarts et les virements de bord se succèdent, Imram se fait
secouer dans le clapot, occasionellement l'impact d'une déferlante
contre le bordé surprend les équipiers qui cherchent le sommeil.
Les phares nous guident facilement dans la nuit. Délaissant volontairement
le GPS qui n'est utilisé que pour l'heure exacte et la veille au
mouillage; sur Imram nous naviguons encore de manière classique,
et intéressante: estime, relèvements successifs etc... aidés d'un
coup de radar lorsque le temps l'exige...
... et navigation
Au petit matin, l'île de Skye apparaît alors que le vent continue
à forcir, 6-7 Bft avec rafales; le courant lève une mer très creuse
et déferlante qui rend toute entreprise à l'intérieur du bateau
pénible; même se reposer relève de l'exploit. C'est sous de violentes
rafales que nous pénétrons dans le long Loch qui nous conduit à
Dunvegan, fief du clan Mac Leod qui y possède son château
bâti au Moyen-Age sur un piton rocheux au bord de l'eau.
Le chateau de Dunvegan
La visite se révèle fort intéressante et nous permet de remonter
l'histoire passionnante et assez agitée de ce clan. Autour du château
prospèrent un magnifique parc semi-tropical aux senteurs exotiques
qui nous fait oublier que nous sommes en Ecosse, une petite cascade
à l'eau brunâtre de tourbe, et les inévitables "midges",
redoutables moucherons piqueurs à l'aube et au crépuscule.
Une petite virée au pub, un retour nocturne sur Imram en dinghy
intrigue un phoque et un bon plat de spaghettis à minuit achèvent
cette longue journée... la dernière à bord pour Hisham et Jean
qui nous quittent au petit matin pour entreprendre leur voyage de
retour vers Genève.
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Imram Voyage 2008 - Integral 12.50 - ACAPELA, 2008
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