|     
              << 
              Etape précédente 
              | Home | Etape 
              suivante >> 
            
              De Skye (Dunvegan) 
                à Oban 
                mardi 12 août au mardi 19 août 
             
             Notre équipage se réduit à 5 équipiers: Peter, Rob, Christine, 
              Jean-Luc et Alessandro. Le départ, très matinal, de Dunvegan se 
              fait au moteur, pas de vent 'so far'... quel contraste avec la veille! 
              Le but de cette étape n'est pas sans importance pour celui qui entreprend 
              son premier voyage en Ecosse: il s'agit de la visite d'une distillerie 
              de renom; celle de Talisker (trad. 
              la roche en pente), elle se trouve à une vingtaine de milles. 
              Le vent s'étant levé nous faisons route maintenant à la voile... 
              des falaises, encore des falaises. Comme tous ces derniers jours 
              nous ne nous lassons pas d'observer les plongeons des Fous de Bassan 
              qui effectuent des piqués spectaculaires sur leurs proies et disparaissent 
              durant de longues secondes sous l'eau. 
              
              Instruction: endrailler la drisse du foc... 
             Nous doublons maintenant les Mac Leod Maiden's, curieux pics rocheux 
              détachés de la côte dont la forme évoque bien des silhouettes féminines 
              avec de grandes robes à l'ancienne. 
              
              Mac Leod Maiden's sur la côte sud de 
              Skye  
             Tourmenté par les falaises et les montagnes alentours le vent 
              prend maintenant les caractéristiques lémaniques que nous connaissons 
              bien: il n'arrête pas de refuser, d'adonner, de mollir, de nous 
              gratifier de quelques risées... La navigation perd ses caractéristiques 
              marines pour entrer dans un registre plus lacustre lorsque nous 
              pénétrons dans le long et étroit loch Harport, il nous mène vers 
              la distillerie avec dans le fond un panorama sur les Cuillins, 
              sommets rouges et noirs dont la roche est le vestige d'un ancien 
              volcan. Nombreux virements de bord au ras de la côte, subtil jeu 
              à la barre pour profiter au maximum des risées, pour remonter le 
              plus dans la direction qui nous intéresse... whisky en vue! 
             Lors de la visite de la distillerie Talisker, nous découvrons 
              les différentes étapes de la production à la consommation du whisky 
              Talisker. Le malt c'est le nom donné à l'orge germée, séché à la 
              tourbe ("peat" en anglais) qui donne au whisky son caractère, puis 
              mélangée avec de l'eau.  
              
              Eaux tourbeuses 
            Et, ensuite, la précieuse 'uisge beatha' (prononcé ouisq-àh-bah) 
              eau de vie, ou whisky est distillée (laisser couler goutte à goutte) 
              deux fois et seul le 'coeur' de ce breuvage sera mis en fût. 
             Lors du viellissement dans des fûts de chêne, la porosité du bois 
              des fûts laisse s'évaporer une partie des liquides, appelée 
              "la part des anges". Ainsi, les anges récupèrent une part substantielle 
              du contenu, si bien qu'après 20 ans de stockage il en reste moins 
              que la moitié. A raison des milliers de litres fabriqués chaque 
              année, ça finit par faire une sacrée quantité... serait-ce l'explication 
              aux nombreux survols bruyants de la "Royal Air Force" dans la région? 
              Les pilotes viennent ils humer la part des anges? ou viennent ils 
              les chasser? 
             'slainté mhath' (prononcé 
              slansh-àh-vat = santé) 
              
             Les journées se raccourcissant, nous décidons de repartir avant 
              la tombée de la nuit pour un mouillage dans le minuscule port naturel 
              de l'île de Soay. Au matin, nous partons pour Loch Scavaig, sur 
              la côte sud de Skye, en pénétrant dans le Loch na Cuilce nous observons 
              une colonie de phoques, certains assoupis sur les rochers vont interrompre 
              leur sieste. 
              
                
              Colonies dans Loch na Cuilce 
             Au pied des Cuillins, nous jetons l'ancre, le mouillage est entouré 
              de magnifiques sommets; les esprits s'impatientent et certaines 
              jambes ont hâte de crapahuter sur ces sommets. 
              
              Le mouillage dans Loch na Cuilce, au pied 
              des Cuillins 
            Christine et Jean-Luc choisissent de s'aventurer dans la lande 
              autour des rives du Loch Coruisk, un écrin au coeur des Cuillins 
              Hills,  
              
                
              Loch Coruisk  
             tandis que Rob, Alessandro et Peter décident de chercher un chemin 
              vers le sommet de Sgurr nan Eag.  
              Après une descente plutôt rythmée du sommet, Peter nous racontera: 
             "Très vite, nous gagnons en 
              altitude pour nous retrouver parmi myrtilles et baies, installés 
              parmi les éboulis et gros blocs de pierre. De fil en aiguille, nous 
              finissons sur un col, puis sur un premier sommet, puis un 2ème, 
              et un 3ème... Le temps est splendide et on voit à 100km à la ronde, 
              toutes les îles de l'Écosse: fantastique! 
            Depuis le sommet, nous voyons 
              aussi notre mouillage. Je jette un premier coup d'oeil et me dis: 
              il y a un truc qui cloche: en effet, Imram ne semble plus se trouver 
              à l'endroit où nous l'avions laissé. Je regarde encore une fois, 
              le voilà en train de joyeusement partir à la dérive, 
              tout seul, sans personne à bord: pu.... de meee...! Mais il n'y 
              a rien à faire! Et le voilà qui s'approche déjà des rochers, 
              et boum: touche! 
             Une rafale catabatique violente 
              a fait déraper l'ancre. J'informe mes compagnons que je vais 
              courir pour rejoindre la côte au plus vite... et je cours 
              déjà vers le fond de la vallée, 1000 mètres plus bas, 
              en désescaladant les barres rocheuses, en glissant dans les pierriers, 
              en survolant ruisseaux et marécages... pour arriver 45 minutes au 
              plus tard au bord de l'eau. 
            Hors de vue pendant ma descente, 
              je m'attends au pire; je sais qu'Imram est très solide, mais il 
              y a des limites... J'arrive 
              au pas de course, transpirant, essoufflé, sur la dernière butte, 
              pour voir qu'Imram... s'est trouvé des amis d'une vedette de passagers 
              qui l'ont remis à sa place: OUF!!! Je saute dans l'annexe et vais 
              retrouver notre ami en aluminium. Toute notre gratitude ira vers 
              ces gens du pays qui étaient là au bon moment et qui 
              n'ont pas hésité une seconde à faire ce que j'aurais fait si j'avais 
              été à leur place." 
             Après nous être remis de nos émotions, une inspection révèle que 
              les deux safrans ont ragué sur le rochers. Heureusement, car ceci 
              a amorti le choc et protégé la coque d'autres dégats. Les safrans, 
              conçus comme pièce d'usure, ont fonctionné à merveille. La fin de 
              la journée sera consacrée à faire du collage, du mastic et de la 
              résine afin de recoller les morceaux arrachés et de redonner une 
              forme convenable aux profils des safrans. Les conditions pour faire 
              du composite sont idéales: il fait sec (soleil) et la température 
              est agréable. 
              
                
              Plus de peur que de mal; Alex et Peter au 
              composite 
             Peu à peu, tout rentre dans l'ordre. La nuit tombée, Peter prend 
              un bain dans un ruisseau pour se défaire des sueurs froides et chaudes 
              de la journée. Un cri originel retentit dans la vallée: c'est Alex 
              qui s'est installé sous une cascade d'eau fraîche! 
             Toute la nuit, le vent continuera à souffler en rafales, mais 
              l'ancre tient bon cette fois et le matin suivant nous mettons cap 
              sur Eigg, provisoirement avec un safran, l'autre étant en train 
              de durcir dans la cabine. Nous profitons de la même occasion pour 
              réparer et repeindre les sièges de barreur qui sont à présent joliment 
              peints d'une couleur grise antidérapante - pratique, non? 
             Quelques milles au moteur nous feront découvrir une île étonnante 
              au nom d'Eigg 
              ("Eige" en écossais). Le petit village sur la pointe sud-est de 
              l'île est dominé par une imposante pointe en roche volcanique à 
              la forme d'un pain de sucre, "An Sgùrr", 392 m, le point culminant 
              de l'île. 
               
              An Sgùrr sur l'île de Eigg 
             Une excursion terrestre nous fera découvrir une forêt aux couleurs 
              et senteurs presque tropicales, suivi de quelques champs fraîchement 
              fauchés qui nous rappellent le parfum d'été de Genève, 
              
              Ferme sur Eigg 
             pour finir dans la lande, bruyères et la fougères si typiques 
              de l'écosse, où broutent quelques moutons isolés (ces mêmes moutons 
              qui à force de manger tout ce qui pousse ont peu à peu transformé 
              l'écosse en désert). 
              
            Cette île champêtre et accueilllante contraste si fortement avec 
              notre dernier mouillage au caractère alpin, rocheux... austère. 
              Nous nous y sentons très bien et finirons la journée par un excellent 
              dîner dans le seul petit restaurant de l'île qui sert aussi d'épicerie 
              bio, douche, internet-café... suivi d'une nuit reposante, amarrés 
              à un solide corps mort. 
             Une journée de navigation de petit temps et crachin, en longeant 
              la côte, nous fait gagner le nord du Sound of Mull.  
               
              Alex, Peter, Jean-Luc et Rob... 
             Nous décidons de chercher un mouillage pour la nuit dans Loch 
              Suart. Ce fjord est parsemé de haut fonds, rochers et îles, il est 
              très sauvage. Malgré un château, visiblement hanté, il n'y a que 
              quelques petites maisons appartenant aux pêcheurs. Le reste est 
              forêts d'épicéas, bruyères et rochers. Le tout, dense et sombre, 
              enveloppé dans un début de nuit brumeux et humide. Avec la dernière 
              lumière du jour nous franchissons une passe étroite et parsemée 
              de rochers, une belle nav délicate, ne laissant que quelques centimètres 
              sous la quille. 
             Nous voici donc une fois de plus loin du monde habité, dans le 
              calme le plus complet, sans lumière, ni bruit, ni réseau, ni gaz. 
              Au menu du soir un délicieux émincé de porc avec ratatouille et 
              polenta, cuits sur le poêle. Nous fêterons cette soirée en ouvrant 
              la belle bouteille d'Humagne. Un régal!!! 
             A 5h du matin nous devons quitter notre mouillage afin de resortir 
              de notre abri avec la marée; à présent nous avons 3m de marnage 
              et les hauts fonds sont franchissables seulement à la pleine mer... 
              après un reste de sommeil et un petit déjeuner, nous voici en route 
              pour Oban, escale pour racheter des vivres, du gaz et du pétrole 
              qui nous manquent depuis hier, et de laisser partir Christine avec 
              le bus. 
              
              Sound of Mull 
             Alors que nous cherchons sans succès des bonbonnes de gaz compatibles 
              avec le système installé à bord, le soleil nous gratifie d'un magnifique 
              coucher dont les couleurs mettent en valeur les jolie maisons bordant 
              le port. 
               
              Oban, Écosse 
             La soirée se passe dans une sympathique taverne où certains se 
              délectent d'un délicieux "haggis", LA spécialité culinaire  
              écossaise: la fameuse "panse de brebis farcie". Le lendemain tôt, 
              c'est le départ de Christine pour Genève: nouveau poste de travail.... 
              on croise les doigts pour qu'elle y arrive à l'heure.. son 
              voyage de retour est minuté juste juste... 
            Un grand dilemne se pose alors à l'équipage restant : restons-nous un 
              jour supplémentaire à Oban pour tenter encore de trouver 
              du gaz dans un autre magasin qui sera ouvert seulement lundi? ou 
              acceptons-nous de boire et manger froid les jours qui suivent ? 
              en effet lorsque le vent souffle trop fort, le poêle du bord ne 
              peut être allumé sans risque d'asphyxie ... La journée et les prévision 
              s'annonçant bonnes nous décidons de partir... au diable le confort! 
            << 
              Etape précédente 
              | Home | Etape 
              suivante >> 
              
            The 
              Imram Voyage 2008 - Integral 12.50 - ACAPELA, 2008 
              pg & al 
             |