5 Août 2004 - 78°11.4' N 14°26.2' E - Version française

La brume se lève enfin, nous laissant apercevoir les côtes d'Isfjord au fond duquel se cache la ville de Longyearbyen, terme de cette grande étape d'Imram. Nous naviguons enfin sans devoir équarquiller les yeux à deviner d'éventuels obstacles invisibles au radar. Un agréable vent de force 3 nous propulse tranquillement dans des eaux glacées du fjord. La houle est terminée et chacun est plongé soit dans ses lectures, soit dans un sommeil profond, ou dans des discussions bien au chaud dans la timonerie. Le pilote automatique ne nécessite que quelques menues adaptations de cap et les voiles sont bien réglées. Longyearbyen est bientôt en vue....


Björnöya - L'île de l'ours - (c) Norsk Polarinstitut

Les derniers jours ont été riches en moments d'émotion et de contemplation d'une nature sauvage encore (presque) intacte. A commencer par un accostage à Björnöya (l'île de l'ours) à mi chemin entre le Cap Nord et le Spitzberg. La recherche d'un mouillage praticable sur cette île sauvage (population 5 personnes) n'a pas été sans difficultés mais Peter, avec un flair digne de l'ours polaire, a réussi à dénicher une petite baie tranquille où l'équipage a pu se restaurer copieusement au calme d'un mouillage bien protégé. Cette île, impressionnante par la sauvagerie de ses falaises et les nombreuses colonies d'oiseaux qui y nichent nous a donné une impression de bout du monde..... Une petite excursion à terre avec découverte de vestiges d'une activité minière a été réalisée par une partie de l'équipage alors que les autres gardaient le bateau et profitaient de récupérer des fatigues des derniers jours.

Les longues heures des quarts rythmant notre vie à bord passées le plus souvent à scruter la brume et à lutter contre le froid humide nous ont gratifiées de moments inoubiables telles la rencontre avec une baleine qui a majestueusement plongé à quelques encablures du bateau, la rencontre avec des phoques surpris d'être dérangés dans leur interminalbe quête de nourriture, le spectacle incessant des nombreuses espèces d'oiseaux (pétrels, mouettes tridactyles, mergules etc..) plongeant ou s'envolant à notre approche. Alternance de vent force 4-5 avec des moments de calme où le moteur doit malheureusement prendre le relais....

Hier matin, première vision du Spitzberg dans Hornsund, premier fjord qui entaille la côte ouest du Spitzberg en venant du Sud: vision surréaliste d'une terre se laissant deviner dans un écran de brume alors que nous slalomions au radar parmi growlers et floes émergeant les uns après les autres de nulle part.

Une tentative de visite du fond de Horsund se solde par un échec en raison de la présence de la glace très dense nous barrant la route (3-4/10). Nous avons toutefois pu admirer de près ces magnifiques et impresionnantes sculptures de glace dérivant a gré des courants et du vent et un trop court instant la vision d'un puissant front glaciaires très crevassé se jetant dans la mer a fait le bonheur de nos yeux. Le retour vers la sortie du fjord fût assez difficile en raison de glaces dérivantes nous laissant difficilement deviner les passages d'eau libre dans le brouilard et Rob a dû pendant un instant se transformr en grimpeur de mât afin de deviner le chemin.

La visite de la base polaire polonaise, située sur la rive nord du fjord nous a fait apprécier la chaleureuse hospitalité des polonais qui l'habitent autour d'une bonne bouteille de Cognac..... Explications de leurs projets scientifiques, de la vie dans ce coin perdu où la nuit polaire est bien longue durant l'hiver, présence omiprésente et dangereuse de l'ours polaire..... Cette visite à terre fût pour nous le moment pour nous d'armer nos fusils et de répéter les gestes de sécurité inhérents au maniement des armes.... la dernière rencontre avec le roi des lieux ne remonte qu'à quelques jours.

Carte n°7

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The Imram Voyage 2004 - Integral 12.50 - ACAPELA, juillet 2004

 

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